Première mondiale
Première mondiale: une équipe médico-chirurgicale française conduite par le Pr Philippe Dartevelle, du centre chirurgical Marie Lannelongue, a réussi à remplacer la trachée, le tube qui relie le larynx aux poumons, notamment de patients atteints de cancer, par un nouveau tuyau reconstruit avec les propres tissus du patient.
Sept patients ont ainsi été traités au cours d'une intervention co-réalisée par le Dr Frédéric Kolb, de l'Institut de cancérologie Gustave Roussy. Cinq d'entre eux, qui étaient atteints de cancers, sont vivants et ont repris leur activité normalement. Le plus ancien d'entre eux présente un recul de six ans et la dernière, un recul d'un peu moins d'un an.
Pour réaliser cette opération, "on prend un rectangle de peau, de tissu sous-cutané et de fascia, le tissu qui recouvre le muscle, que l'on prélève avec l'artère et la veine radiale, et qui est transformé en un tube de trois centimètres de diamètre", a expliqué lundi à l'Associated Press le Pr Philippe Dartevelle. Pour maintenir la circulation sanguine, "on réimplante les vaisseaux prélevés sur des vaisseaux du cou du patient", précise-t-il.
La respiration entraîne une dépression. Pour éviter que "le tuyau ne s'aplatisse sur lui-même lorsque le patient respire" et éviter que ce dernier "étouffe, il faut trouver un système qui maintienne le tuyau ouvert", poursuit Philippe Dartevelle. "Nous avons prélevé du cartilage et des côtes que nous avons réintroduits entre la graisse sous-cutanée et le derme et avons rendues circulaires en les cousant à chacune des extrémités". Résultat: "on obtient un tube rigide qui résiste aux pressions de la respiration, et qui est recouvert de peau à l'intérieur, une barrière contre l'infection parfaitement vascularisée". Ce qui permet de renoncer aux stents, ces petits ressorts qui permettent de tenir la trachée ouverte et qui rendent la vie du patient très inconfortable.
Les indications de la transplantation de trachée sont précises: la technique peut s'appliquer aux personnes victimes "d'un cancer de la trachée, ou d'un cancer des organes de voisinage envahissant la trachée, notamment thyroïdien, ou encore aux personnes souffrant de grandes destructions trachéales".
Ces patients n'ont pas besoin de traitements anti-rejet, leur trachée n'a nul besoin de soutien (stents) comme dans certaines tentatives antérieures, nombreuses depuis 50 ans, mais toutes vouées à l'échec.
Alors que pour les patients dont la trachée était envahie (voire complètement obstruée) par un cancer, le décès à court terme était la seule issue, cette technique va représenter un espoir raisonnable. "Elle va se développer dans de nombreux pays", s'est félicité Philippe Dartevelle. "En France, quelques dizaines de personnes pourraient en bénéficier chaque année
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