UN DESTIN COMMUN POUR UN AVENIR MEILLEUR

nl monstrueux ni demoniaque

 

 


Eichmann n'était ni monstrueux ni démoniaque, et la seule caractéristique décelable dans son passé comme dans son comportement durant le procès et l'interrogatoire était un fait négatif : ce n'était pas de la stupidité mais une extraordinaire superficialité. Une curieuse et authentique inaptitude à penser. La question que Hannah Arendt pose est : l'activité de penser en elle-même, l'habitude de tout examiner et de réfléchir à tout ce qui arrive, sans égard au contenu spécifique, et sans souci des conséquences, cette activité peut-elle être de nature telle qu'elle conditionne les hommes à ne pas faire le mal ? Est-ce que le désastreux manque de ce que nous nommons conscience n'est pas finalement qu'une inaptitude à penser ?

La glorification de la vie active.
La modernité se caractérise essentiellement par un renversement, qui consiste à faire de la vie active, et non plus de la vie contemplative, ce qui constitue l'humanité de l'homme. Cette inversion est aussi ce qui fonde l'aliénation de l'homme moderne, qui finit par ne plus comprendre ce qu'il fait.
Travail, oeuvre, action : trois modalités fondamentales de la vie active.
La vie active désigne trois manières pour l'homme d'être lié au temps : l'homme travaille pour survivre, il produit des oeuvres pour conférer une permanence à son existence, ses actions sont la condition même de l'Histoire. En sur-valorisant le travail, la modernité condamne l'homme au caractère éphémère de la vie.
L'action comme condition du politique.
Sans l'action et le langage qui les sauvent de l'oubli, le travail et les oeuvres des hommes n'auraient aucun sens. En valorisant la production d'objets matériels au détriment de l'action des hommes dans le monde, la modernité aboutit nécessairement à une dégradation du politique : les hommes n'ont plus de monde en commun.

Monstre issu du bestiaire biblique, le Léviathan est le visage hideux que Hobbes veut donner à l'État pour qu'il intimide ses sujets et les dissuade de désobéir. Conception brutale du pouvoir soutenue pourtant avec intelligence et finesse. Pourquoi le despotisme est-il nécessaire ? Les hommes, en totale liberté, représentent une menace les uns pour les autres. La meilleure défense étant l'attaque, leur raison les pousse à s'agresser préventivement. Seule l'existence d'une force les dominant tous, devant laquelle chacun peut prévoir l'obéissance des autres, peut les inciter à ne pas se défendre ainsi. Une confiance réciproque, entre sujets raisonnables, peut alors, en effet, s'instaurer. L'existence d'un Prince plus fort que ses sujets est donc la meilleure garantie de paix. Ainsi le pouvoir de l'État doit-il être absolu : toute limitation de sa souveraineté ne peut que l'affaiblir et faire courir le risque d'un retour progressif vers l'état où les hommes sont comme des loups les uns pour les autres



12/11/2010
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