les racines de la haine????
Jusqu'à rendre parfois impossible l'adoption de certaines mesures d'urgence en faveur des plus démunis. Dans ces conditions, localiser les racines de la haine que le Sud voue désormais à l'Occident, et réfléchir aux moyens propres à l'extirper, est devenu une question de vie ou de mort pour des millions d'hommes, de femmes et d'enfants à la surface du globe. Comment contraindre le nouvel ordre du capitalisme mondialisé à cesser de soumettre le reste du monde à sa domination meurtrière, comment conduire l'Occident à assumer ses responsabilités ? Comment faire en sorte qu'au Sud, l'horizon de l'état de droit ne soit pas récusé du fait des injustices qui sont commises en son nom ? Dans quelles conditions le dialogue peut-il être renoué ? Des réponses sont apportées à ces questions au long d'un parcours documenté, riche en expériences de terrain - du Nigeria à la Bolivie, des salles de conférences internationales aux villages les plus déshérités de la planète -
Le choix des problèmes qui méritent de figurer en bonne place sur la liste des pires menaces contre le bien-être et les droits de l'humanité est naturellement subjectif. Mais certains semblent incontournables, tant leur impact est direct sur les perspectives de survie dans des conditions décentes. Ils sont au moins trois : la guerre nucléaire, le désastre environnemental et le comportement du gouvernement de la première puissance mondiale, qui accroît la probabilité de ces catastrophes. Je dis bien le gouvernement, et c'est important, parce que la population, ce qui n'a rien d'étonnant, n'est pas d'accord. D'où un quatrième problème qui devrait beaucoup préoccuper les Américains et le monde : la fracture très nette entre l'opinion publique et l'action publique. C'est l'une des raisons d'une peur qu'on ne peut prendre à la légère : «Le "système" américain, globalement, est vraiment en difficulté - il s'oriente dans une direction qui met fin à ses valeurs historiques d'égalité, de liberté et de démocratie authentique.»
Le «système» est en train d'acquérir certaines caractéristiques des, failed states, les «États manques», pour reprendre une formule aujourd'hui à la mode et que l'on applique d'ordinaire à des États qui, dit-on, menaceraient potentiellement notre sécurité (tel l'Irak), ou rendraient notre intervention nécessaire pour sauver leur population de graves menaces intérieures (comme Haïti). Certes, il est admis que ce concept est «d'une imprécision frustrante», mais on peut cerner certains traits essentiels des «États manques». Ils ne peuvent pas ou ne veulent pas protéger leurs citoyens de la violence, voire de la mort. Ils ont tendance à se croire au-dessus des lois, nationales ou internationales, donc libres de se livrer à des agressions et à des méfaits. Et, quand ils ont les dehors d'une démocratie, ils souffrent d'un grave «déficit démocratique» qui prive leurs institutions formelles de contenu réel.
L'une des tâches les plus difficiles pour chacun, et les plus importantes, est de se regarder honnêtement dans la glace. Faisons-le, et nous n'aurons guère de mal à découvrir les traits des «Etats manques» ici, chez nous. Cette prise de conscience devrait profondément troubler ceux qui se soucient de leurs pays et des générations futures. J'écris «leurs pays» au pluriel à cause du rayon d'action considérable de la puissance des Etats-Unis, mais aussi parce que les risques ne sont localisés ni dans l'espace ni dans le temps.
vv
En effet, en une douzaine d’années et à la faveur d’une extension des marchés et de la communication à la dimension planétaire, les États mais aussi les entreprises auront transformé la concurrence commerciale en guerre économique et les échanges de connaissance en guerre de l’information.
Dans le même temps, les notions de territoire et d’institutions seront devenues plus floues avec l’émergence d’organisations non gouvernementales (pas toujours altruistes) et de mouvances criminelles (souvent liées à la drogue, parfois aux extrémismes confessionnels) pouvant aller jusqu’à la guerre terroriste comme l’a appris le monde le 11 septembre 2001.
Ces transformations profondes des rapports entre les hommes accompagnent étroitement la « mondialisation » que d’aucuns veulent peindre de couleurs exclusivement séduisantes. Certes, l’ouverture de nouveaux marchés, l’accélération des échanges d’informations, de biens, services et capitaux ont engendré une croissance globale indéniable dont les pays industrialisés - et nous en sommes ! - ont largement profité, en particulier les États-Unis dorénavant seule hyper-puissance. Mais l’ampleur et la brutalité sans précédent de ces changements ont provoqué de violents déséquilibres, en particulier au détriment des pays les moins avancés : « Les riches sont devenus plus riches et les pauvres plus pauvres » ; les déshérités sont souvent devenus des désespérés prêts au suicide terroriste comme le démontre la situation prévalant au Proche-Orient. Par ailleurs, la guerre du Golfe et les guerres balkaniques ont illustré la mise en place d’une pax americana contestable dans ses buts et procédés. La mondialisation c’est aussi cela !
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