UN DESTIN COMMUN POUR UN AVENIR MEILLEUR

les jeunes tristes

        La fabrique des jeunes gens tristes  
 
                                Divines amours  

 

Ancré dans l'Angleterre des années 1970, ce roman satirique de Michael Bracewell ne met pas en scène des hippies libertaires, mais des adolescents de la banlieue chic londonienne, seulement préoccupés par leurs sentiments. Ancien de la prestigieuse école Eton, Miles Harrier est aussi beau que snob - et plus bourreau des coeurs que foudre de guerre. Après avoir fait perdre la tête à la fragile et artiste Kelly, il hésite entre les deux amies d'enfance qu'il vient juste de retrouver. D'un côté il y a Lucinda, charmante publicitaire ; de l'autre Stella, mannequin inaccessible. Les deux sont colocataires, ce qui n'arrange en rien les affaires de Mr Harrier. Mais il est loin de se douter que le destin va s'en mêler et que ce marivaudage se révèlera funeste. Àu cours d'une soirée branchée réunissant l'ensemble des protagonistes, Kelly, en pleine performance artistique, va entraîner Lucinda dans une chute fatale - au sens propre du terme. Miles et Stella réussiront-ils à s'aimer ? Rien n'est moins sûr..

Los Angeles, 1970. Doc Sportello est un détective prive d'un genre particulier: il vit sur une des plages de la ville, est un adepte du joint bien roulé, et, à l'occasion, du trip intersidéral à l'acide. Avec son meilleur ennemi, le flic Bigfoot, il enquête sur l'étrange disparition du milliardaire et homme d'affaires Mickey Wolfmann. Tous deux ont de bonnes raisons de tirer au clair cette intrigue, d'en avoir peur, de se perdre en route pour mieux rebondir à grand renfort de bananes glacées ou de marie-jeanne colombienne. Il faut dire que quelques coups de massue donnés par l'Histoire en marche ont fini de détraquer la Californie et de torpiller le rêve hippie: les émeutes du quartier de Watts à Los Angeles, en 1965, ont crispé les esprits et les tensions raciales se sont exacerbées, les assassinats commandités par Charles Manson ont créé un profond traumatisme, sans compter la guerre du Vietnam qui a ramené en ville une jeunesse paranoïaque et détruite

A chacun sa génération perdue. Après les "jeunes gens tristes" de Scott Fitzgerald et les trentenaires survoltés de Jay McInerney, voici Mark, Sam et Keith, les anti-héros du premier roman de Keith Gessen. Mark termine une thèse sur les mencheviks et consulte des sites pornographiques. Sam rêve d'écrire le " grand roman sioniste " mais perd beaucoup de temps à vérifier sa popularité sur Google. Keith soutient la candidature d'Al Gore. Tous trois possèdent le charme propre aux jeunes gens que leurs brillantes études ont condamnés à une lucidité aussi précoce qu'inutile. Touchants, exaspérants, irrésistibles, ces trois garçons sont les protagonistes d'une nouvelle éducation érotique et sentimentale. L'on ne saurait trop remercier l'auteur d'avoir pris le parti de la légèreté contre celui, si prévisible, de la gravité. Keith Gessen n'hésite pas à bousculer les vaches sacrées de l'avant-garde officielle, en lançant au passage quelques pétards sur les grognards de la gauche intellectuelle américaine, en toute injustice



21/12/2010
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