le siecle des virus,,,,
Virus Maladie
Car c'est bien l'action de l'homme qui permet l'émergence de nouvelles épidémies : augmentation sans précédent de la population mondiale, des voyages internationaux, du transport des animaux et des denrées alimentaires, modifications de la préparation et des manipulations des aliments, changements des comportements humains, invasion d'environnements sauvages, réservoirs d'insectes et d'animaux porteurs de maladies infectieuses, sélection des micro-organismes résistant aux antibiotiques et aux autres médicaments...
Liste noire. Le terme de « maladies infectieuses émergentes » a été forgé depuis. Qu'est-ce qu'une maladie émergente ? Ce terme désigne une maladie transmissible, pas nécessairement virale, qui est apparue récemment dans une population ou qui existait auparavant, mais dont l'incidence ou l'étendue géographique augmente rapidement. Les vingt dernières années ne diffèrent guère des siècles qui ont précédé. Souvenons-nous des épidémies de syphilis ou de rougeole déclenchées par les premiers grands explorateurs... Du côté des maladies virales, la liste des pathologies considérées comme émergentes est malheureusement trop longue. Citons l'hépatite C, dont le virus a été découvert en 1989 et qui provoque des dizaines de milliers de morts chaque année dans les pays industrialisés. La grippe elle-même est aussi à considérer comme une maladie émergente, car les changements du virus d'année en année sont capables de provoquer des épidémies mondiales catastrophiques.
Le sida, maladie virale émergente malheureusement exemplaire, illustre bien la différence qui existe entre nouveau virus et épidémie nouvelle. La question de « l'origine du sida » est sur toutes les lèvres, signifiant le plus souvent « l'origine du virus », comme si celui-ci n'existait pas avant 1981 ou du moins était absent des populations humaines. Puisqu'il faut trouver une cause, de nombreux « responsables » ont été désignés. Les non-scientifiques ont accusé les scientifiques, éventuellement de mèche avec l'armée. Les scientifiques, de leur côté, ont accusé les singes. Les singes interrogés ont évidemment accusé les hommes. Qu'en est-il en réalité ? L'identification de virus apparentés au virus du sida chez des animaux aussi variés que le mouton, le chat, le cheval, le chèvre et de nombreuses espèces de singes indique que la famille du VIH est ancienne. Le savant fou évoqué par les non-scientifiques est donc hors de cause. Et les singes ? Les séquences génétiques des virus apparentés au VIH montrent que des virus proches des virus humains existent notamment chez le chimpanzé, le mangabé enfumé, le mandrill, le singe vert, etc. Dans tous les cas, il existe un lien géographique, c'est-à-dire que les singes portent des virus analogues aux virus des humains habitant la même région. De cela certains ont conclu à une origine simienne de la maladie. Il s'agit d'une simplification excessive. En effet, de nombreuses transmissions du singe vers l'homme seraient nécessaires pour expliquer la distribution actuelle des virus une transmission au moins pour chaque espèce simienne et pour chaque région. Il est peu vraisemblable que ces transmissions multiples soient toutes survenues dans un passé récent et de manière simultanée. Autrement dit, depuis la nuit des temps, les singes ont mordu les hommes, et les hommes ont chassé les singes. On peut simplement parler de réservoir commun aux hommes et à leurs cousins simiens. Les premiers humains ont sans doute été contaminés il y a bien longtemps. Aujourd'hui, ce sont bien les humains qui contaminent d'autres humains. Le virus humain ancien n'est pas incompatible avec une explosion récente de l'épidémie. Le virus autrefois peu répandu chez l'homme a été reconnu à la faveur de son extension récente. Cette extension est due aux modifications induites par l'homme : colonisation et déstructuration des structures économiques, urbanisation, prostitution, transfusions et seringues, voyages, évolution des comportements sexuels...
Equilibre fragile. Les maladies émergentes nous rappellent ainsi que, malgré les progrès de la vaccination par exemple, la victoire totale contre les maladies infectieuses est une illusion. Les virus font partie de notre environnement. Leur équilibre est susceptible de basculer par des actions apparemment sans gravité telles que les voyages ou l'accroissement des repas pris de manière collective. Cela ne justifie pas de s'affoler, mais d'accentuer nos efforts de surveillance épidémiologique, de réflexion écologique et de recherche sur les maladies infectieuses.
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