UN DESTIN COMMUN POUR UN AVENIR MEILLEUR

le printemps arabe mettra moins de temps que celui des europeens qui a dure un siecle et plus....

 

 

  






 : L'Europe politique n'existe pas. Elle a volé en éclats lors du vote de cette résolution. L'Allemagne n'a pas suivi. C'est quand même le couple franco-britannique qui a mené la danse.

Il faut un plan Marshall, un investissement massif de la part de l'Europe, des Etats-Unis, de l'ensemble des pays qui veulent soutenir la démocratie. Tant que l'on sera sur des réponses au cas par cas, finalement, cet énorme élan démocratique risque de s'enliser, voire de sombrer dans les difficultés inhérentes à toute transition démocratique, liées au fait que si l'amélioration de la situation économique n'accompagne pas la démarche démocratique, on risque de revenir en arrière.

 En Europe, il a manqué un discours d'appui à la transition. Malheureusement, du côté français, on s'est contenté de prendre acte de la transition démocratique en Tunisie - c'est ce qui reste dans la conscience des Tunisiens et ailleurs. Prendre acte veut dire qu'on aurait peut-être espéré autre chose. Dans un premier temps, on avait l'impression que l'Europe se satisfaisait de ces régimes parce qu'ils pouvaient assurer à la fois la stabilité et la sécurité. Les aides économique et financière à travers les différents instruments européens doivent bien entendu jouer.

L'Arabie saoudite, en tête, est intervenue au nom du Conseil de coopération du Golfe, avec un millier de soldats de la Garde nationale pour dire stop à un processus démocratique qui aurait pu aboutir à une monarchie constitutionnelle parlementaire, laquelle aurait été dominée par cette communauté qui est majoritaire. Le fait, pour l'Arabie saoudite, de dire "c'est notre ligne rouge, on n'a pas à demander leur avis aux Américains", a été, pour moi, un tournant. A Bahreïn, les choses sont très dures. Il est très difficile de trouver une issue négociée, pacifique. Nous avons un prince héritier qui négociait avec l'opposition chiite et on y a mis un terme avec cette intervention.

Le mouvement paraît irrépressible et semble s'inscrire dans une longue durée. Comment le voyez-vous évoluer ?

Ghassan Salamé : Tous les dirigeants arabes, sans exception, se sont dit après Moubarak "Est-ce que je vais être le troisième ?" Il y a eu ce que j'appelle des concessions préventives. Faisons quelque chose pour ne pas tomber. Mais il y aura un troisième, un quatrième, même un cinquième, parce que le mouvement traverse l'ensemble de la région. Il y a eu Ben Ali en janvier, Moubarak en février, le Libyen en mars...

heureux, cela fait vingt ans qu'on attend ça !

 Le mot-clé, c'est la dignité, "karama". Partout, c'est le slogan dominant. C'est-à-dire le souci de passer de sujet à citoyen. Disons aussi que la laïcité, même si elle n'est pas exprimée explicitement, est aussi présente et au coeur du débat. Et c'est très important. La crainte, c'est de voir une mouvance islamiste forte face à ce qui ressemblera à une nouvelle formation incarnant l'ordre. Il y a balancement entre la rupture et la continuité. En Tunisie, on est davantage dans un processus de rupture par rapport au passé. En Egypte, on est beaucoup plus dans la continuité. On ne peut pas dire que le système a changé puisque l'armée est là.

Il ne faut pas donner l'impression à la jeunesse arabe qu'on pleure le départ de Ben Ali ou qu'on a peur que Kadhafi se retrouve en Ouganda. Je dois dire que l'Europe a été frileuse. L'Europe n'a pas perçu l'ampleur du mouvement, son efficacité et cette extraordinaire irruption d'un troisième acteur que les experts patentés ne voulaient pas voir. Cet acteur est là devant vous, il est comme vous, il a les mêmes soucis. Et c'est avec lui que vous avez intérêt, Européens, à travailler à l'avenir. Il faut sentir ses espoirs et il faut l'encourager.

Ensuite, il y a la lucidité. Il ne faut pas que l'arbre libyen cache ce mouvement qui va durer des années. Et il ne faut pas non plus réduire cette affaire à la formule : "Il faut que le pétrole passe la Méditerranée et que les émigrés ne passent pas." Si vous réduisez la relation entre l'Europe et sa rive sud à cela, vous allez avoir les émigrés, vous risquez de ne pas avoir le pétrole.





30/04/2011
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