le pouvoir des impuissante et la fin des certitudes....
De la dissidence à la présidence, Vàclav Havel n’a jamais cessé d’être un écrivain et un philosophe. De ces derniers textes parviennent les accents d’une voix prophétique. C‘est à partir de son expérience de chef d’État confronté à la montée des nationalismes et à la chute du communisme, avec en mémoire ses années d’emprisonnement et d’interdiction de parole, que Vàclav Havel réfléchit sur cette fin de millénaire troublée. Devant la mondialisation de l’économie et la perte de confiance dans les élites au pouvoir, trop corrompues ou trop impuissantes, il nous exhorte à nous tenir en éveil et à nous porter responsables. «N’oublions pas de penser l’Être ou bien le règne de l’avoir et la déshumanisation qui l’accompagne feront de nous les héritiers d’un monde voué à la seule survie technique»
Jeté malgré lui dans la politique par l'oppression de son pays, Václav Hävel n'a cessé de réfléchir, depuis plus de vingt ans, à la nature de cette oppression et d'en dénoncer les effets. L'intérêt de ces essais vient avant tout de la qualité des analyses et de la profondeur de la réflexion. La « Lettre ouverte à G. Husak » est un véritable « J'accuse » contre la dictature communiste ; l'adresse à un congrès pacifiste ou le discours à l'université de Toulouse sont l'occasion de réflexions plus générales ; « Le pouvoir des sans-pouvoir » est une méditation sur la signification de la « dissidence ». L'unité de contenu est cependant réelle, car Havel s'adresse à trois sortes d'interlocuteurs.Aux responsables de la dictature communiste en Tchécoslovaquie, il dit ceci : « Derrière une apparence de normalisation ", vous avez installé le règne de la peur, du mensonge et de la corruption à tous les niveaux. Vous assurez la ruine du pays en étouffant la création et en voulant, à terme, abolir toute mémoire collective, toute vie sociale autonome pour régner sur un peuple anesthésié et une société désintégrée. Cela, nous le refusons. »Havel appelle en conséquence ses concitoyens à revendiquer les droits de la conscience morale individuelle, à refuser le mensonge, à restaurer la responsabilité personnelle et la parole publique. Tel est le sens du combat pour les droits de l'homme et celui de la Charte 77. L'intégrité individuelle et le maintien de l'identité collective sont à ce prix.C'est aussi à nous, Occidentaux, que s'adresse Havel. Il nous aide à connaître la réalité de la situation de son pays. Il démontre les risques, vus de l'Est, de nos ignorances et de nos naïvetés (un certain pacifisme). Il nous fait comprendre le prix de la dissidence sans se réduire à celle-ci. On trouvera ici les éléments d'une réflexion plus générale sur le monde et la société modernes. C'est pourquoi ce livre d'un homme emprisonné à quatre reprises nous invite à prendre conscience des conditions de la liberté
ne politique comme morale agissante. L’éthique ancrée dans l’expérience concrète comme base de l’activité politique : un thème majeur de sa pensée. Le discours se clôt sur un appel à une « communauté des ébranlés » : de ceux, loin de trouver leurs certitudes dans le prêt à penser de l’idéologie, en sont bouleversés et lui opposent leur propre humanité. Il s’agirait de « faire une force politique réelle de la conscience humaine ».
Une « véritable paix », qui ne soit pas « un état d’armistice désarmé ou de ‘non-guerre’ » exige des changements politiques profonds. Car, puisque « une population manipulée peut être entraînée dans n’importe quelle aventure militaire », la paix ne peut exister qu’entre des peuples libres et indépendants. La démocratie est la condition de la paix.
M. Ben Ali et son épouse, Leïla, en octobre 2009 à Carthage.AP/HASSENE DRIDI
La famille du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali s'est-elle enfuie de Tunisie avec 1,5 tonne d'or ? C'est la supposition de l'Elysée, qui se fonde sur des recoupements des services secrets français.
Selon eux, Leïla Trabelsi, la femme du président, se serait rendue à la Banque centrale de Tunisie chercher des lingots d'or. Le gouverneur aurait refusé et demandé un ordre écrit. Mme Ben Ali aurait appelé son mari, qui aurait d'abord lui aussi refusé, puis cédé. "Il semblerait que la femme de Ben Ali soit partie avec de l'or", explique un responsable politique français. "1,5 tonne d'or, cela fait 45 millions d'euros", poursuit-il.
Précision d'un conseiller de l'Elysée : "L'information vient essentiellement de source tunisienne, en particulier de la Banque centrale. Cela a l'air relativement confirmé."
A la banque centrale de Tunisie, on dément l'information. "Je n'ai reçu aucun ordre verbal ni écrit de sortir de l'or monétaire. Notre stock d'or n'a pas bougé", assure au Monde Maaledj Habib, directeur général de la caisse générale, des comptoirs et des systèmes de paiements.
Un membre haut placé des services secrets français apporte une explication après ce démenti : la scène aurait eu lieu non pas vendredi 14 janvier, date de la chute du régime, mais à la fin de l'année 2010. "La demande à la banque de Leïla Ben Ali aurait eu lieu en décembre. Mme Ben Ali a quitté la Tunisie une première fois en décembre. L'or se trouverait aujourd'hui en Suisse", explique cette source française.
Vendredi 14 janvier, Mme Ben Ali a pris un vol pour Dubaï, où elle a la plupart de ses avoirs, selon les Français, avant de repartir pour Djeddah. M. Ben Ali, lui, ne croyait pas sa chute aussi rapide. Pour preuve, selon Paris, il aurait enregistré une nouvelle allocution, qui n'a pas eu le temps d'être diffusée. Il n'aurait pas quitté le pays volontairement mais aurait été destitué.
INTERVENTION DE MOUAMMAR KADHAFI
L'armée et le chef d'état-major qui avait refusé de tirer sur la foule ont, selon les services européens, joué un rôle de premier plan dans la destitution de M. Ben Ali. "Le chef d'état-major lui a dit de partir, cela paraît confirmé", poursuit le conseiller de l'Elysée.
La manière dont M. Ben Ali a pu quitter le pays n'est pas claire. Pour éviter une issue violente, Paris estime que les services de sécurité libyens ont joué un rôle dans l'exfiltration de M. Ben Ali. Les propos de Mouammar Kadhafi – qui dit regretter l'issue de la crise tunisienne – tenus, ce dimanche, renforcent ce sentiment à l'Elysée.
Le mode de départ de M. Ben Ali comporte des incertitudes. Il semble s'être retrouvé dans l'espace aérien de Malte, sans plan de vol déterminé, attestant qu'il n'avait pas, à son départ précipité de Tunisie, de destination précise. Deux sources, l'une italienne, l'autre française indiquent que l'avion n'aurait pas reçu l'autorisation d'atterrir sur l'île. Selon une autre hypothèse, le président déchu aurait quitté Tunis en hélicoptère pour Malte, où il aurait récupéré son avion.
Les Français ont voulu prévenir toute arrivée de M. Ben Ali en France. "On a dit qu'on n'autoriserait aucun avion en provenance de Tunisie à atterrir sans avoir la liste de ses passagers", indique un autre conseiller de l'Elysée.
Selon un ministre français, la direction générale de l'avion civile a identifié un appareil ayant pour plan de vol Tunis-Paris. Paris aurait fait en sorte que l'avion atterrisse en Sardaigne. Vérification faite, il ne comportait pas de passager, en tout cas pas M. Ben Ali. Plusieurs plans de vol au départ de Tunis ont été communiqués vendredi pour brouiller les pistes sur la destination réelle de M. Ben Ali, indiquent des sources française et italienne.
Les membres de la famille de M. Ben Ali qui étaient arrivés en France sont repartis du Bourget, samedi soir, par un vol affrété par un proche du clan Ben Ali, en direction de Doha, au Qatar, indique Paris.
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