LA FIN D UNE EXCEPTION ET DES CERTITUDES .RIEN NE SERA COMME AVANT.....
Comme une traînée de poudre, les révoltes arabes se sont propagées de la Tunisie à l’Egypte puis à l’ensemble du monde arabe. Aucun pays n’a été épargné et, malgré les difficultés, une période sombre de l’histoire de la région s’achève. Ce n’est pas seulement la vie des peuples de cette zone qui sera affectée, mais aussi celle des voisins, et en premier lieu l’Europe. Toute la géopolitique de la région est à revoir. Si les armées gardent un rôle important, il faut également compter avec les mouvements sociaux et populaires qui, de l’Egypte à l’Algérie en passant par la Tunisie, ont préparé le terrain aux actuels bouleversements.
Tout le monde a souligné la place qu’ont occupée dans les mobilisations les réseaux sociaux. Pourtant, les révolutions arabes possèdent nombre de traits qui ont marqué les révolutions du passé, en France ou en Russie. Elles expriment aussi une volonté de tourner la page du partage colonial qui, au siècle passé, a profondément traumatisé les peuples.
Plus que la défaite de 1948, celle de la guerre de juin 1967 a profondément traumatisé une génération qui avait tout misé sur le nationalisme arabe et le développement autonome accéléré. Partout se sont enracinés des régimes autocratiques dont l’impéritie a fait regretter les dirigeants qui, comme Habib Bourguiba ou Gamal Abdel Nasser, avaient su incarner une certaine idée de l’indépendance. Tandis que l’argent du pétrole était gaspillé ou sous-utilisé, comme en Algérie, les populations vacillaient entre les nouvelles normes religieuses et des pouvoirs autoritaires. Et, tout en fermant la porte aux mouvements islamistes modérés, les pouvoirs s’appuyaient sur les groupes salafistes les plus radicaux, socialement conservateurs mais politiquement soumis. Dans ce contexte, nombre d’intellectuels attachés aux réformes démocratiques ont cherché protection auprès de l’Etat contre les oulémas. En échange, ils ont consenti à soutenir leurs dirigeants. A leurs yeux, un gouvernement même très autoritaire constitue un mal moindre que l’islamisme.
Malgré le long hiver qui a marqué les sociétés arabes durant près d’un demi-siècle, sous l’autoritarisme et la censure se sont développées des formes de production culturelle qui ont sapé les pouvoirs en place et constitué autant de résistances : des conteurs de la place Jemaa-el-Fna (Marrakech) aux clowns du cirque d’Etat égyptien, en passant par des feuilletons télévisés saoudiens inventifs, critiques des travers du pouvoir comme de la société.
Au fil des ans a aussi émergé une nouvelle génération d’artistes : elle a imposé un vocabulaire esthétique métissé, hybride, qui, à l’image de bien d’autres formes artistiques contemporaines, emprunte à toutes les cultures du monde, sans nécessairement perdre son identité arabe. Mais c’est surtout la création de la télévision satellitaire Al-Jazira, en 1996, qui a bouleversé les termes du débat public et réveillé une immense soif de liberté.
De telles affirmations ont souvent permis aux occidentaux de cautionner des régimes autoritaires qui leur paraissaient être un rempart contre les islamistes..
"Les chemins de la liberté et de la dignité qu'a ouverts le peuple tunisien, et dans lesquels se sont engouffrés aprés lui les autres peuples arabes, restent incertains, escarpés, périlleux. Mais, déjà, le retour en arrière n'est plus possible."
"Quand une fois la liberté a explosé dans une âme d'homme, les dieux ne peuvent plus rien contre cet homme-là" (Jean Paul Sartre, Les Mouche

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