UN DESTIN COMMUN POUR UN AVENIR MEILLEUR

La Bible dévoilée : Les Nouvelles révélations de l'archéologie .Un conte de fees, Une manipulation politique

                                                                

                                                               

 

Dur dur, Abraham et Moïse n'ont jamais existé, David et Salomon eux sont des personnages historiques mais n'étaient que des petits roitelets à la tête d'une poignée de nomades. Nous sommes loin des fastes de la cour de Salomon tels que relatés dans la Bible.
 
Bonsoir à tous, et merci de m’accueillir pour cette conférence. Je sais que tout conférencier moderne et digne de ce nom utiliserait ordinateur et rétroprojecteur pour parsemer d’images son propos, mais, ce n’est pas mon quotidien professionnel, en tant qu’enseignant et j’utilise encore le tableau noir et la craie. C’est donc à cet exercice classique que je vous invite ce soir. Classique pour la forme, mais résolument moderne quant au fond, je ne doute pas que ce soir restera pour vous un soir important tant il est vrai que bien des certitudes acquises depuis des années concernant la tradition biblique voleront en éclat devant les preuves de l’archéologie. Il nous apparaîtra ensuite nécessaire de comprendre que faire de ces nouvelles données en matière de spiritualité.
 
Repartons donc de cette tradition. Qu’est-ce que la Bible ? Quelle aventure nous conte-t-elle ? Elle débute par le jardin d’Eden, se poursuit avec Caïn et Abel, puis Noé et le déluge, pour se concentrer ensuite sur une seule famille, celle d’Abraham. Dieu demande à Abraham de quitter sa Mésopotamie natale pour fonder une grande nation sur la terre de Canaan. Abraham eut un fils, Isaac. Isaac eut un fils, Jacob, père des douze tribus qui finirent malheureusement esclaves de Pharaon. Il appartiendra à Moïse de libérer ce peuple, de lui faire subir un exode pendant quarante ans au cours desquels Dieu lui donnera la loi qui devra le guider. Moïse n’entre pas en terre promise, Canaan donc. C’est Josué qui reprendra le flambeau et qui prendra les forteresses de Canaan, Jéricho étant la plus célèbre de toutes. S’ensuit alors l’édification d’un royaume immense dirigé par le roi David, puis par Salomon. La succession de Salomon se passe mal, deux royaumes distincts apparaissent, Israël au Nord et Juda au sud. Dieu punit par l’intermédiaire des assyriens le royaume impie du nord. Surtout à cause d’Achab et Jézabel. Le roi Josias, au septième siècle avant notre ère, héritier seize générations plus tard du roi David, cherchera à unifier les deux royaumes, Israël et Juda, mais finira mal lui aussi et sera vaincu par les égyptiens.
 
Arrêtons-nous là car notre période d’étude n’ira que jusqu’à ce point. Nous irons d’Abraham à Josias, en passant par Moïse, Josué, David et Salomon, et ce sera bien assez.
 
Reprenons donc chaque phase importante et observons les raisons pour lesquelles l’archéologie d’aujourd’hui réduit à l’état de fables ce que l’on croyait encore, il y a peu, être la seule histoire vécue par ce peuple extraordinaire. Le livre qui dérange est celui-ci, La Bible dévoilée, écrit par Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman. 2001 pour l’édition originale, 2002 pour l’édition française et 2007 pour le livre de Poche. Je précise que les auteurs n’expriment pas leur opinion dans ce livre. En ce sens, ce n’est pas un essai, c’est une sorte de compilation organisée de toutes les découvertes archéologiques de ces dernières années.
 
Je précise aussi, et vous le comprendrez aisément, que je ne peux dans le cadre de cette conférence retracer un siècle d’archéologie biblique. Plutôt que de me concentrer sur un seul personnage et de développer tous les arguments, j’ai préféré couvrir une longue période et ne donner que les arguments principaux.
 
Commençons par dire que depuis le dix-neuvième siècle, la connaissance des régions environnantes, Egypte d’un côté, Assyrie et Babylonie de l’autre, nous renseigne d’une manière extérieure sur l’aventure du peuple hébreu, d’autant plus que les archives de ces deux contrées sont extrêmement précises. Les égyptiens notamment conservaient quasiment tout, comme une sorte d’obsession d’archiver.

 

 
1/ Abraham
Concernant Abraham, on en dira peu parce que pour l’instant, il n’a aucune existence archéologique. Rien n’a été retrouvé concernant l’histoire de ce personnage pourtant essentiel. Les seules choses que l’on a à se mettre sous la dent sont les contradictions internes du texte et les aberrations historiques dont il fait preuve. Quelques exemples : La chronologie de la Bible fait remonter le départ d’Abraham pour Canaan aux alentours de 2100. Pour les générations ultérieures, la confusion est de taille, Moïse et Aaron y sont présentés comme les descendants de la quatrième génération de Lévi, le fils de Jacob, alors que Josué qui est leur contemporain est présenté comme étant un descendant de la douzième génération de Joseph, lui aussi fils de Jacob. Huit générations d’écart !
Autre exemple, le fait qu’à tout moment, l’aventure d’Abraham est accompagnée de chameaux. Or, il n’y a pas de chameau dans cette région à cette époque. Les chameaux n’ont été domestiqués qu’à la fin du deuxième millénaire avant notre ère, aux alentours de l’an mille donc, et non à l’époque supposée d’Abraham dix siècles plus tôt. Le texte contient même une allusion au septième siècle, temps du roi Josias, puisque la caravane de chameaux en question du temps de Joseph, fils de Jacob, transporte de la gomme adragante, du baume et du ladanum. Or le commerce de ces produits n’a été entrepris par les marchands arabes sous contrôle assyrien qu’à partir du huitième siècle avant notre ère, s’est généralisé au septième et surement pas au vingtième siècle avant notre ère. Le texte aurait-il été écrit au septième siècle, à la cour du roi Josias ?
 
2/ Moïse
Pour Moïse, les choses sont plus claires, tout a été inventé. Premièrement, on ne retrouve aucune trace dans les archives égyptiennes d’un quelconque esclavage ou même d’une quelconque existence du peuple hébreu en terre d’Egypte. Alors que les contingents de travailleurs, esclaves ou non, cananéens ou non, sont répertoriés consciencieusement par les contremaîtres de chantiers, et ce à toutes les époques depuis la construction des pyramides et même auparavant, aucune trace des hébreux, aucune allusion à des plaies successives, alors même que chaque crue du Nil est précisément répertoriée, aucune allusion à une demande de départ et aucune ligne concernant un quelconque départ mouvementé d’un peuple hors des frontières de l’Egypte. Alors que tous les mouvements de troupes ou de migrants de tous ordres sont, aux frontières, scrupuleusement recensés à partir de dix personnes, on voit mal comment plus de six mille hommes avec femmes, enfants, bétail et mobilier même rudimentaire auraient pu passer inaperçus.
Mais supposons-le. Supposons que pharaon, dépité et vaincu, se soit débrouillé pour faire disparaître les traces des hébreux. Après tout, ça s’est déjà produit. Atchepsut, reine d’Egypte, eut l’audace de se proclamer Pharaon, c’est-à-dire roi d’Egypte. Son successeur, ulcéré par l’outrage, fit disparaître toutes les traces de cette usurpatrice de titre. Nous ne la connaissons d’ailleurs que depuis peu, après avoir découvert une stèle déjà enterrée à l’époque et sur laquelle le visage d’Atchepsut n’avait pas été raclé.
Et donc, supposons que le peuple hébreu se soit retrouvé dans le désert pendant quarante ans, et pour plus d’une trentaine d’années dans la ville de Cades-Barnéa. La description de la frontière sud d’Israël au chapitre 34 des nombres ne fait aucun doute sur la localisation. Supposons aussi, comme le mentionne la Bible, que les hébreux aient séjourné à Eçyon-Gébèr, que les archéologues ont identifié par les descriptions comme se trouvant entre Eilat et Aqaba, sur la frontière moderne qui sépare Israël de la Jordanie. Si les israélites avaient occupé ces sites, il est clair que le passage aurait laissé des traces. Or, toutes les fouilles les plus minutieuses des régions considérées n’ont révélé aucune trace des hébreux. Pas un tesson, pas un ossement dans une région où pourtant la conservation des indices est favorisée par le climat sec. On trouve d’ailleurs beaucoup de choses, toute activité d’un groupe de plus de dix personnes qui aurait séjourné quelques mois dans la région est retrouvée. Rien concernant un peuple même si les dimensions de ce peuple étaient revues à la baisse.
Autre piste, les égyptologues confirment que les descriptions de l’Egypte supposément à l’époque de Moïse, c’est-à dire au treizième siècle, sont en fait celles du septième siècle. Les chantiers mentionnés ainsi que les routes empruntées ou évitées pour raisons de sécurité ne font aucun doute sur ce point. Le texte de l’exode n’aurait-il été écrit qu’au septième siècle avant notre ère ?
Ce que les archives égyptiennes indiquent, par contre, et ce que l’archéologie moderne a confirmé par des indices matériels, est que depuis 1800 avant notre ère, des migrations avaient régulièrement cours de Canaan vers l’Egypte, que ces cananéens, appelés hyksos (rois étrangers) avaient fini par s’installer dans le delta du Nil et avaient fini par exaspérer, du fait de leur réussite économique, le pharaon du moment. Vers 1600, ou 1500, la date n’est semble-t-il pas encore validée, celui-ci les attaqua, les poursuivit jusqu’en Canaan où il en tua un grand nombre. Il est donc tout à fait possible que ce fond historique, conservé dans la mémoire populaire ait servi de source à l’histoire inventée de Moïse.
 
3/ Josué
Admettons que l’aventure du peuple hébreu, sous la conduite de Moïse, soit une fiction, cela n’implique pas nécessairement que le reste le soit. Il est possible qu’une partie des cananéens se soit retrouvée en guerre contre une autre partie, révolution ou guerre civile, ce n’est pas parce que Moïse disparaît que Josué est forcément un fantôme.
La conquête de Canaan eut-elle vraiment lieu ? Josué a-t-il victorieusement conquis les cités que sont Jéricho, Haçor, Aphek, Lakish et Megiddo ? Les trompettes de Jéricho ont-elles vraiment retenti ? On le crut, et les archéologues les plus sérieux eurent de purs moments de joie de pouvoir confirmer l’aventure de Josué. Les choses se gâtèrent vite cependant, citons la page entière de La bible dévoilée :
 
« Dans l’euphorie générale - au moment même où Josué semblait devoir remporter une nouvelle victoire - un certain nombre de contradictions troublantes apparurent. Alors que les médias du monde entier annonçaient la confirmation des conquêtes de Josué, les morceaux essentiels du puzzle archéologique cessèrent tout à coup de s’emboîter.
À commencer par Jéricho. Nous le disions plus haut, les cités de Canaan n’étaient pas fortifiées ; aucune muraille ne pouvait donc s’écrouler.
 
Dans le cas de Jéricho, la situation est encore plus simple, car on n’y décèle pas la moindre trace d’occupation au XIIIe siècle avant JC ; l’habitat précédent, du bronze récent, date du XIVe siècle ; très modeste, pauvre, presque insignifiant, il ne comportait pas de mur d’enceinte. Il ne révèle non plus aucune trace de destruction. Par conséquent, la fameuse scène des forces israélites, massées derrière l’Arche d’alliance, en train de défiler autour des puissantes murailles, lesquelles s’écroulent quand retentissent les trompettes de guerre, se révèle n’être rien de mieux, pour parler simplement, qu’un mirage romanesque. »
 
La conquête de Canaan n’est donc pas une conquête fulgurante que le peuple israélite aurait réalisée grâce à l’ardeur de ses combattants et avec l’aide de Yahvé, c’est plutôt une occupation lente et graduelle qui s’est déroulée sur plus d’un siècle. Quant aux cités en question, elles furent bien détruites, mais pas par une armée constituée et guidée par Josué. L’archéologie moderne est à même d’identifier bien des causes, l’invasion de peuples étrangers, les troubles sociaux, la guerre civile, etc. Là encore, l’histoire de cette conquête telle que la Bible nous la raconte tient plus du roman que de l’histoire.
 
4/ David et Salomon
Là, les choses changent. On ne peut plus dire qu’on ne trouve rien, ce qui invaliderait l’histoire biblique, parce qu’on trouve. La terre de l’actuel Israël regorge de preuves matérielles de l’occupation par les hébreux. Et deuxièmement, l’existence historique des deux rois que furent David et Salomon ne fait aucun doute.
 
En fait, et pour faire court, on peut distinguer deux périodes dans le déroulement des recherches effectuées sur le terrain. La première phase découvrit des traces, des ruines, quelque chose comme des preuves de l’occupation du terrain telle que la Bible la décrivait, notamment des ruines, au nord, qu’il fut facile d’estampiller ‘Salomon’ puisqu’elles s’accordaient avec le texte en lieu et place. « Même si, à Jérusalem, aucune trace du temple ni du palais de Salomon n’a pu être identifiée, les savants ne manquaient pas d’autres sites à explorer. La Bible (1 R 9, 15) décrit les travaux de reconstructions entrepris par Salomon dans les cités nordistes de Megiddo, d’Haçor, de Gézér. Les fouilles de l’un de ces sites - Megiddo - entreprises par une expédition de l’oriental institute de l’université de Chicago, en 1920 et 1930, ont révélé d’impressionnants vestiges de l’âge du fer. Ils ont bien entendu été d’emblée attribués à Salomon ». Mieux encore, cette théorie se trouva confirmée par Yigael Yadin, archéologue de renom, qui à plusieurs reprises et en plusieurs endroits certifia avoir trouvé les preuves de l’épopée davidique et salomonique telle qu’on peut la lire dans la Bible. C’est la théorie la plus en vogue juste après les années soixante, la plus rassurante aussi, raison pour laquelle elle fut si vite acceptée.
 
Mais l’archéologie est une science ! Et même si en tant qu’individu le scientifique aimerait trouver ceci ou cela, en tant que scientifique il est bien obligé d’accepter la vérité qui dérange.
 
Car les recherches ultérieures, celles des années quatre vingt dix, ont prouvé le contraire. Cette deuxième phase a eu raison des certitudes antérieures. Non seulement David et Salomon ne régnèrent pas sur un royaume unifié qui s’étendait de Jérusalem, au sud, à Haçor, au nord, mais l’influence réelle de ces deux rois dans leur contrée sudiste est elle aussi à revoir à la baisseÀ l’époque du roi David, le territoire comptait au maximum quarante cinq mille personnes dont quatre vingt dix pour cent vivaient au nord. « Cela laissait environ cinq mille habitants éparpillés entre Jérusalem, Hébron et une vingtaine de villages de Juda, sans compter quelques groupes épars de semi nomades ». Quel royaume !
 
L’archéologie de la première phase « avait antidaté d’un bon siècle les vestiges davidiques et salomoniques. » la réalité vécue est plus prosaïque, David et Salomon furent deux petits rois d’un petit royaume des hautes terres du sud, vraisemblablement aimés de leur peuple et qui sont restés dans la conscience collective comme ayant été les souverains d’un état unifié, petit, tout petit, mais unifié. Les descendants de David et Salomon ont régné quatre siècles en suivant, ce qui, dans les périodes difficiles, suffit vraisemblablement à en raviver le souvenir et en faire peu à peu une légende acceptable.
Exit donc le royaume légendaire de David et Salomon, exit par la même occasion la reine de Saba, les histoires à dormir debout concernant l’arche d’alliance et ses prétendus pouvoirs. La remise en question est de taille mais il est clair aussi que ces deux rois ont existé.

 

 
À partir de là deux questions se posent : premièrement, si les israélites ne viennent pas d’Egypte via le désert, d’où viennent-ils ? Et deuxièmement, qui aurait bien pu imaginer, inventer une telle saga ? L’archéologie moderne est à même de répondre à ces deux questions. Reparcourons donc à nouveau, mais pour de vrai ce coup-ci, l’aventure des hébreux sur la terre de leurs ancêtres.
 
5/ Les vrais israélites
Les israélites ne sont donc pas issus de la famille d’Abraham à qui Dieu aurait conjointement promis une descendance et une terre, tout cela, c’est de la pure légende. L’Archéologie moderne a pu repérer sur la terre de la Bible les différentes étapes de son occupation progressive qui n’ont strictement rien à voir avec une conquête venue d’Egypte.
La terre de la Bible a été fouillée dans les couches archéologiques les plus anciennes et bien des choses ont été trouvées. Par convention toutefois, on appelle premiers israélites ceux qui se sont définitivement installés dans les hautes terres au moment de la chute de la culture cananéenne, vers 1200 avant notre ère.
« Nous savons aujourd’hui que la première occupation des hautes terres s’est déroulée au bronze ancien et qu’elle débuta environ deux mille ans avant l’avènement d’Israël, vers 3500 avant JC. À l’apogée de cette vague d’occupation, on comptait presque une centaine de cités et de villages légèrement plus peuplés dispersés le long de la crête centrale. Un peu plus tard, vers l’an 2200 avant JC., la plupart de ces sites furent abandonnés et les hautes terres redevinrent une zone inhabitée. Une deuxième vague d’occupation, plus dense que la précédente, s’effectua au bronze moyen, peu après 2000 avant JC. Cette vague débuta avec l’établissement de petits hameaux dispersés, qui se transformèrent graduellement en un réseau complexe de quelque deux cent sites, allant du hameau à la ville, voire parfois à des centres régionaux fortifiés. On a estimé la population de cette deuxième vague d’occupation à quarante mille habitants. Les plus grosses places fortes de l’époque - Hébron, Jérusalem, Béthel, Silo et Sichem - allaient devenir des centres importants à l’époque israélite. Mais cette deuxième vague d’occupation était elle aussi destinée à disparaître, vers le seizième siècle. Cette fois-ci, les hautes terres vont demeurer une zone frontalière, quasiment déserte, pendant quatre siècles.
Finalement, vers l’an 1200 avant JC., commença la troisième vague d’occupation, celle des premiers israélites. À l’image des précédentes, elle débuta par la formation de petites communautés rurales, regroupant une population initiale d’un total d’environ quarante cinq mille individus, répartis sur deux cent cinquante sites. Elle se développa graduellement en un système intégré de grandes cités, de bourgades de dimension moyenne et de petits villages. À l’apogée de cette période d’occupation, au huitième siècle avant JC., à la suite de la fondation des royaumes d’Israël et de Juda, elle comprenait plus de cinq cent sites abritant une population d’environ cent soixante mille personnes ».
Les israélites sont donc des pasteurs nomades devenus sédentaires. On a longtemps pensé que ces nomades étaient des cananéens eux mêmes venus des basses terres pour des raisons diverses, impôts trop lourds, prescription dans l’armée, etc. Pour le bibliste américain George Mendenhall puis pour le sociologue, américain lui aussi, Norman Gottwald, qui ont défendu cette thèse, les israélites des hautes terres venaient des basses terres, et le tour était joué. D’autant plus que le douzième siècle est celui de l’effondrement du système politique cananéen, il était donc légitime d’imaginer que cette population se retrouvât dans les hautes terres.
Il était donc possible d’imaginer qu’à des périodes différentes, le même phénomène s’était reproduit. Des familles ou des petits clans avaient quittés la vallée et s’étaient installés dans les hautes terres pour un temps, revenant dans la vallée lorsque les conditions s’amélioraient. Bonne hypothèse, mais comme disent les enfants, mauvaise pioche néanmoins !
Les vestiges archéologiques montrent une différence radicale dans la culture des cananéens et celle des habitants des hautes terres, qu’il s’agisse de l’habitat, de la poterie, des mœurs et du reste, tout différencie les cananéens de la vallée et les habitants des hautes terres, qui semblent du reste bien en retard sur leurs voisins d’en bas. Pas de bijoux, pas de bâtiments administratifs, rien qui dénote une culture installée. Si les habitants des hautes terres avaient été des évadés de la plaine, ils auraient évidemment emportés avec eux leurs poteries, leurs vêtements et leur manière de construire leurs maisons !
Les fouilles archéologiques se poursuivant, on fit alors une découverte étonnante. Les périodes intermédiaires du bronze moyen au bronze récent supposément vides ne l’avaient pas été, seul le mode de vie avait changé. Ce ne sont plus des tessons qui ont révélé le pot aux roses mais les ossements d’animaux. Lors des périodes habitées, les ossements d’animaux sont ceux de bétail, et lors des périodes soi disant inhabitées, les ossements de bétail disparaissent mais sont remplacés par une quantité considérable d’ossements de chèvres et de moutons ; typique de « la composition des troupeaux de bédouins ». Ce qui signifie que les hautes terres n’avaient pas été désertées comme on l’avait cru d’abord mais avaient tout simplement laissé tomber leur mode de vie sédentaire. Le mode de vie nomade générant moins de traces qu’une occupation sédentaire, on a cru que les hautes terres avaient été abandonnées, il n’en était rien.
Les pasteurs nomades des hautes terres ont donc vraisemblablement toujours été là depuis le bronze ancien au moins et ont alterné leur mode de vie en fonction de la possibilité qu’ils avaient ou non de se ravitailler en céréales auprès des cananéens de la vallée, ce qui ne fut pas toujours possible. À ce moment là, ils cultivaient eux-mêmes leurs céréales et devenaient sédentaires. Cette sédentarité devint définitive vers 1200 avant JC lorsque le système politique cananéen s’effondrant - et non pas sous les coups de l’armée de Josué - les structures sociales et commerciales firent de même, les israélites qui ne pouvaient plus espérer de ravitaillement en provenance du bas se sont alors définitivement sédentarisés dans les hautes terres. Se développant, les royaumes d’Israël, au nord, et de Juda, au sud firent leur apparition, prospérèrent, mais pas au même moment.
Le royaume du nord prospéra plus vite. La dynastie Omride s’y employa. Le mariage d’Achab et de Jézabel la phénicienne y contribua, permit une ouverture commerciale sans précédent, jusqu’au moment où le puissant voisin assyrien décida de venir piller le royaume et de s’en octroyer les richesses. Là aussi, contrairement au texte sacré, il ressort des études de toutes sortes, côté hébreu comme assyro-babylonien, que Jézabel ne fut pas la catin que l’on dit. On comprendra plus tard pourquoi elle dut supporter cette réputation si longtemps. Pendant ce temps là, le royaume du sud vivotait et ne risquait pas d’intéresser les assyriens ou qui que ce soit d’autre. En fait, ce n’est qu’à partir du moment où le royaume du nord fut dévasté que celui du sud pris en quelque sorte son essor.
Les israélites ne sont donc pas les descendants d’un mythique mésopotamien, réduits en esclavage par pharaon, libérés par Moïse, guidés par ce même Moïse jusqu’en terre promise, où Josué, prenant le relais, conquis toutes les villes cananéennes. Les israélites ont toujours été des cananéens des hautes terres, ont par conséquent toujours habités sur la terre de la Bible et n’ont conquis Canaan que grâce à l’effondrement de celle-ci, dans lequel les israélites ne sont pour rien. « Le processus que nous décrivons ici est à l’opposé de celui que décrit la Bible : l’émergence d’Israël fut le résultat, non la cause, de l’effondrement de la culture cananéenne. La plupart des israélites ne venaient pas de l’extérieur de Canaan ; ils étaient indigènes. Il n’y a pas eu d’exode de masse en provenance de l’Egypte. Le pays de Canaan n’a pas été conquis par la violence. La plupart de ceux qui ont constitué le premier noyau d’Israël étaient des gens du cru, ceux-là mêmes qui peuplaient les hautes terres durant les âges du bronze et du fer. Les premiers israélites étaient - comble de l’ironie - d’origine cananéenne ! »
Nous avons donc répondu à la première question, nous savons maintenant d’où proviennent les israélites. Répondons à la deuxième, qui a écrit cette saga ?

 

 
6/ Le canular du roi Josias
Lorsque le roi Josias accède au pouvoir en 639 avant notre ère, il est pris d’une envie territoriale sans précédent, reproduire en mieux le mythique royaume de David et Salomon qui couvrait prétendument tout le territoire. Pour trouver une légitimité à sa volonté d’Hégémonie territoriale et de pouvoir sur les consciences, il va faire comme tous les chefs politiques peu scrupuleux, il va mentir à son peuple, lui monter un canular grotesque, mais qui va marcher. Il va ordonner au grand prêtre Hilqiyyahu de prélever des fonds sur le trésor public pour effectuer une rénovation du temple. Lors des travaux, en 622, un mystérieux texte sera soit disant trouvé par hasard, un livre de la loi remontant à l’époque du roi David. Ce texte donnant des indications pour une vie pieuse en accord avec l’alliance, Josias se servira de son contenu pour entamer une réforme religieuse que l’on peut qualifier d’intégriste. Inventer la saga biblique permettra de fonder le canular et de donner une assise « historique » à ce texte pour le moins curieux.
 
On sait aujourd’hui que ce texte ne peut être de l’époque davidique. Le style, les mots ainsi que le contenu désignent à l’évidence le siècle de Josias.
 
Pour rester dans les grandes lignes de la saga inventée par Josias et ses sbires, celle-ci va être placée sous l’entier parrainage de Yahvé et expliquer qu’à chaque fois que le peuple des hébreux a respecté la loi, il a prospéré, et que dans le cas contraire, il a périclité. Josias va donc tout inventer. À partir de l’affaire des hyksos, il invente l’aventure de Moïse et les événements fantastiques qui l’accompagnent, il invente aussi Josué et fait croire aux israélites du septième siècle que leurs ancêtres ont conquis Canaan comme qui rigole puisque aidés par Yahvé, il les fait fantasmer sur le royaume légendaire de David et Salomon, il fustige en permanence le royaume du nord qui, selon lui, s’est vautré dans la fange - Achab et Jézabel en tête - et il attribue la chute du royaume d’Israël à cette impiété et non aux assyriens. Pour être plus précis, c’est Dieu qui a, en quelque sorte, demandé aux assyriens de punir son propre peuple, ou qu’il les a laissés faire exprès en guise de punition.
 
Et par conséquent, tout naturellement si l’on peut dire, si on poursuit la logique de l’histoire le peuple hébreu est voué à conquérir cette terre avec l’aide de Dieu sous le règne du roi Josias - que le texte encense comme aucun autre roi d’Israël ou de Juda - à unifier le royaume de Juda au sud et celui d’Israël au nord, à devenir ce grand état panisraélite élu de Yahvé, et administré de main de maître depuis Jérusalem, image s’il en est du fabuleux âge d’or de David et Salomon, à condition bien sûr que les mœurs changent et que la loi de Dieu ne soit plus bafouée. Le mystérieux livre de la loi permet donc à Josias de réformer le culte. L’intégrisme est radical, destruction de tous les édifices religieux non dévolus à Yahvé, interdiction à d’autres religions d’exister, obligation de venir fêter la Pâque à Jérusalem et bien d’autres réjouissances.
 
Comme de bien entendu, les choses se déroulèrent autrement. Fomenter un projet de cette envergure sans que les voisins égyptiens y trouvent à redire était une folie. Le plan de Josias fonctionna tant que les égyptiens restèrent confinés dans les basses terres de Canaan. Josias crut peut-être par cette tranquillité qu’il lui serait possible d’aller plus loin dans la conquête territoriale. Descendant direct de David et de Salomon, il a peut-être lui aussi fantasmé sur la protection de Yahvé. Toujours est-il que les figurines retrouvées sur le territoire montrent que cette réforme religieuse, bien que violente et radicale, n’avait pas éradiqué tous les vieux mythes idolâtres. Quant à Josias, la première confrontation avec les égyptiens fut la bonne, ad patres illico presto ! Et donc tout ça pour rien, ou presque.
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[Car en bonne logique il faut se demander pourquoi une telle saga, si elle est fictive de part en part, a pu faire croire à sa véracité historique pendant si longtemps.
Le canular avait été si bien monté, le rôle quasi messianique de Josias était si bien passé qu’au lieu d’envoyer cette histoire aux oubliettes à partir de la défaite du roi devant les égyptiens, elle servit de base à la suite. Et donc, concernant Josias, il est dit qu’il a bien été très pieux mais que son peuple l’avait si peu été que ça n’avait pas suffi, raison pour laquelle le projet avait échoué. Pour la suite, globalement, les prophètes annoncent le bien à ceux qui respectent la loi de Dieu, le mal aux apostats et c’est ce qui arrive, destruction du temple, exil à Babylone puis retour, occupation perse pendant deux siècles, etc. Le texte est fabriqué selon la façon habituelle, quelque chose d’historique ou non dans le lointain, mais surtout l’affirmation du caractère spécifique du peuple d’Israël, élu de Dieu et qui, s’il respecte les préceptes, obtiendra le salut promis à Abraham et David.
 
Après la mort d’Alexandre le grand, qui avait mis fin à la domination perse dans la province de Yehoud, l’auteur grec Hécatée d’Abdère parcourt le territoire et recense pour la première fois l’ensemble des lois et coutumes du peuple juif. Hécatée d’Abdère ne tarit pas d’éloges devant ce peuple qu’il juge sage et pieux et semble croire à la fiction concoctée par Josias. Les juifs commencent à être renommés dans le monde méditerranéen comme une communauté soudée autour de son Dieu, « au cœur de cette identité, se trouvaient non seulement les lois et les règles qui régissent le sacrifice, mais aussi la saga historique qui débuta par l’appel entendu par Abraham, dans la lointaine Ur, et qui se terminait par la restauration de la communauté du temple grâce aux efforts d’Esdras et de Néhémie, dans la période postexilique.
 
Avec l’abandon de la monarchie et la dispersion des juifs à travers le monde gréco romain, le texte sacré de la Bible hébraïque, traduit petit à petit en grec, pendant les troisième et deuxième siècle avant JC, devint la source principale d’inspiration pour tous les membres de la maison d’Israël qui vivaient au-delà du voisinage immédiat du temple de Jérusalem. L’épopée de l’Exode et de la conquête de la terre promise proposaient à tous les membres de la communauté une vision de solidarité et d’espoir que d’autres mythologies, royales ou héroïques, n’auraient su leur offrir…
 
Pour résumer, la saga d’Israël, qui s’est cristallisée pour la première fois au temps du roi Josias, devint la première anthologie nationale et sociale qui s’adressait aussi bien aux hommes, aux femmes, aux enfants, aux riches, aux pauvres et aux exclus de toute communauté ».C’est la raison de son succès et de sa pérennité, cette saga parle au peuple, du peuple, elle parle d’un peuple et non pas seulement de rois et de dieux.
 
Et le tour est joué, la fable se transmet de siècle en siècle avec la certitude qu’il y a là une histoire irréfutable. Si Hécatée d’Abdère est enclin comme les juifs qu’il rencontre à l’époque à avaler le canular de Josias, c’est en partie évidemment parce que la monarchie a disparu, et avec elle, l’origine du canular. Ne restent plus que les prêtres, la tradition sacerdotale issue de l’histoire deutéronomiste, le pouvoir des religieux est total, la fiction est devenue réalité.]
 
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Que faire de ces révélations ? Faut-il les ignorer, les renier ? Je crois pour ma part qu’il faut les assumer et en tirer les bonnes leçons. Car l’archéologie ne reviendra pas en arrière. Elle évoluera, trouvera d’autres traces, mais ne pourra revenir en deçà des preuves matérielles qu’elles a déjà sorties de terre.
Mais, à n’en pas douter, Il y a là un problème de fonds et non un problème d’époque. Ce n’est pas parce que l’archéologie moderne confirme les intuitions de certains intellectuels du dix-neuvième que le problème est nouveau.
Ce n’est sûrement pas un hasard si la lecture moderne des textes sacrés, qu’on appelle la lecture critique, ne cherche plus à s’appuyer sur des faits considérés comme historiques mais sur des événements considérés comme symboliques. L’archéologie est pour quelque chose dans ce changement d’interprétation.
 
Cela fait en effet bien longtemps, et pour tout dire un bon siècle au moins, que les théologiens ont abandonné toute forme de lecture littérale concernant les textes sacrés. On s’est en effet aperçu qu’une lecture littérale entrainait des contradictions insurmontables, soit entre plusieurs passages du texte (les huit générations d’écart de tout à l’heure), soit entre le texte et la doctrine qui en est supposément l’expression (interpréter par exemple le miracle de la multiplication des pains et des poissons de manière littérale, c’est se placer en dehors des valeurs chrétiennes).
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[Jésus aurait donc matériellement multiplié les pains pour que la foule reste auprès de lui ? Que penser d’un homme politique qui donne vingt euros à chaque personne qui vient assister à son meeting ? Il achète son auditoire ! Jésus fait de même, il achète son auditoire ! Est-ce cela, la morale chrétienne ? Personne n’en voudrait. Contradiction !
Cette foule a le sauveur en face, elle ne sait peut-être pas encore la chance qu’elle a, mais, elle est consciente d’assister à quelque chose de grand. Ne peut-elle pas se passer de nourriture pour un repas ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela ne démarre pas dans la grandeur. Rien en tous cas qui pourra servir de modèle. Contradiction !
Jésus lui-même ne cesse de répéter que l’homme ne vit pas seulement de pain. Il jeûne lui-même quarante jours dans le désert après son baptême. Alors pourquoi leur en sert-il des milliers sur un plateau ? Contradiction !
Et comment comprendre que Jean embraye sur le pain du ciel, évidemment assimilable à la parole de vie et non à une nourriture matérielle ? Contradiction ! Encore et encore, contradiction !
 
On le voit, cette interprétation littérale n’a pas de sens et les auteurs ont vraisemblablement écrit ce texte dans une autre intention, conformément à la manière métaphorique d’écrire à cette époque. Pour que le texte ait un sens, il faut l’interpréter autrement, placer le miracle ailleurs. Jésus n’a multiplié réellement ni les pains ni les poissons. Ce sont bien quelques pains et quelques poissons que la foule s’est partagée, ne permettant sûrement pas de se rassasier comme il le faut. Et c’est ici qu’il faut placer le miracle, dans le fait que cette foule est restée à écouter un type parler de son père, d’un royaume à venir, alors même qu’elle n’avait rien à manger. Jésus a en face de lui des gens pauvres, des exclus comme on dirait aujourd’hui, ressemblants à s’y méprendre à une population de favelas, et ces gens sont restés ! Pourquoi ? Parce que la nourriture spirituelle est bien supérieure à la nourriture matérielle et est si capable de la supplanter que même après quarante jours dans le désert à jeûner, Jésus peut dire au diable qui le tente : « l’homme ne vit pas seulement de pain ». Le texte redevient cohérent et exprime si bien ce sur quoi le christianisme naissant voulait insister : le don de soi, la nature spirituelle de la personne humaine, le jeûne comme un des moyens de réaliser cette spiritualité et la capacité d’ouvrir son cœur pour espérer et croire.
 
On comprend alors pourquoi ceux qui ont assistés à l’événement peuvent revenir chez eux les bras garnis et les paniers remplis. Les choses spirituelles, dirait-on, ne sont pas comme les choses matérielles. Elles n’ont pas les mêmes propriétés lors de leur transfert à un autre. Si on donne à un tiers quelque chose de matériel, un billet de banque, un téléphone portable…on ne l’a plus. Si par contre c’est quelque chose de non matériel que l’on donne, une information, un conseil, on ne le perd pas. On le possède même à un niveau plus élevé puisqu’on sait l’expliquer à quelqu’un d’autre. C’est ainsi que rentrant chez eux, les chanceux du premier jour avaient de quoi raconter, des paniers pleins ! Une spiritualité nouvelle se déversait par paniers entiers !]
 
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Conséquemment, on s’est aperçu que la spiritualité qui se dégageait des deux lectures n’était pas la même non plus. La lecture littérale met l’accent sur l’aspect événementiel du texte, la lecture critique met l’accent au contraire sur son aspect universel. Un exemple : les miracles de l’aveugle et du paralytique.
Jésus aurait donc guéri un aveugle et un paralytique.
La lecture littérale a longtemps prévalu parce qu’elle pouvait ainsi plus facilement entrainer la soumission du peuple. Insister sur l’aspect historique de l’événement c’est vouloir faire comprendre à tous que Dieu peut tout faire. L’interprétation littérale place Dieu au centre et l’homme à la périphérie, contraint à l’admiration et à la soumission.
La lecture critique nie au contraire que cet événement soit arrivé, et quand bien même l’accepterait-elle qu’elle lui ferait subir une clarification. L’aveugle et le paralytique sont des métaphores de notre condition ordinaire à tous, comme les prisonniers dans la caverne de Platon, et non des individus qui auraient été effectivement guéris. Le texte signifie donc que sans la lumière du Christ nous sommes tous aveugles et paralytiques. Pour le dire à l’envers, c’est grâce à la foi que nous pourrons marcher dans la lumière de la vérité. Il y a là un sens universel qui dépasse de beaucoup ce que la lecture littérale peut en dire. La lecture critique met donc l’homme au centre et insiste sur la confiance et l’espoir.
Abandonner l’historicité du texte n’est donc pas une perte puisqu’en le symbolisant, il gagne en ampleur, en richesse, et donc en gloire. Outre les données modernes de l’archéologie que je voulais partager avec vous, c’est finalement ce dernier point qui me tenait à cœur et que je voulais évoquer ici, je vous remercie.

                                                                                 

                                                 

 

                         

 

 

 

 

 


 



01/09/2013
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