L'homme et la bête. Les bêtes luttent entre elles pour des motifs de conservation individuelle ou d'espèce, la lutte est programmée par un instinct de survie et de peur qui crée la loi du plus fort. En ce sens l'homme interprété comme animal lutte dès lors qu'il se sent menacé , dès qu'il sent sa propre mort annoncée par l'autre.
Toute la philosophie politique repose et "se repose" sur cette interprétation des rapports humains et des conflits comme lutte pour la survie. Les entreprises se sont laissées prendre par cette grille d'interprétation systèmatique : les motifs des mécontentements, des revendications et des négociations sont interprétés en "intérêts" de survie et de territoire résultant de l'inégale répartition des moyens matériels d'existence. Je lutte pour gagner plus (d'argent, d'avantages, de sécurité,) là où la question devrait être je lutte pour gagner quoi ?
Vers une reconnaissance réciproque. Qu'est-ce qui est vraiment en jeu lorsque des individus, des regroupements d'individus, organisent leurs rapports sous la modalité de la lutte ? S'agit-il d'une simple logique de survie ou bien d'autres enjeux qui définissent précisément la vie comme existence humaine ? Il y a une logique morale des conflits sociaux et l'on a intérêt à comprendre cette logique si l'on veut transformer les conflits en désaccords féconds capables de créer une dynamique dans les rapports humains. Cette logique ou plutôt cette aspiration est celle de la reconnaissance réciproque des personnes, c'est celle-là qui joue dans l'entreprise sur un mode implicite et à tous les niveaux même si celle-ci se refuse à l'admettre.
Car l'entreprise préfère les problèmes aux conflits, tributaire du paradigme de la lutte pour la survie, elle ne perçoit pas les potentialités ouvertes par le véritable "enjeu" des luttes : la reconnaissance.
Face au problème qui engage l'autre à résoudre (avec des outils extérieurs et "neutres") puis à se résoudre c'est-à-dire à se soustraire de l'enjeu réel, le conflit engage l'autre à répondre, à rencontrer autrui, et c'est par cette rencontre que l'on peut gagner en efficacité : transformer le conflit en des formes plus élaborées de collaboration et d'autonomie.
La lutte est toujours lutte pour la reconnaissance et rien ne sert de se limiter au terrain de l'augmentation des salaires pour traiter le conflit, il faut identifier voire honorer le jeu qui se joue effectivement entre les personnes. Pour accéder à la conscience d'elle-même la personne humaine a besoin de se savoir et de se sentir reconnue puis confirmée dans ce qu'elle est en tant que personne (ne se réduisant ni à une bête ni à un objet), et dans ce qu'elle fait selon les fonctions professionnelles qui l'engagent.
Le mépris. Cela dit reconnaissance n'est pas connaissance, confirmation n'est pas acceptation. La reconnaissance marque cet accès à soi qui passe par l'autre par lequel je m'éprouve sujet libre et digne. Quelles que soient mes responsabilités et mon niveau de compétences, le développement de mon "je" présuppose des formes de reconnaissance réciproque dont je ressens le manque à travers l'expérience du mépris. Les relations professionnelles orchestrent souvent ce mépris, cette non reconnaissance de l'autre qui se dissout dans l'acide de nos analyses et de nos modèles managériaux. Rencontrer l'autre et se laisser rencontrer par lui afin de vraiment travailler ensemble, tel est l'enjeu.
De la reconnaissance à la confirmation. La reconnaissance est une lutte qui ouvre un horizon moral, l'accès à des formes plus travaillées d'autonomie, de conscience de soi et par là même de responsabilité. Cela dit elle ne doit pas se transformer en "valeur" isolée qui figerait les relations, les dégradant en système de charte ou de revendication idéologique : être reconnu.
D'une part la reconnaissance n'est jamais acquise puisque c'est son mouvement qui crée de nouvelles formes d'organisation et de travail, d'autre part, son mouvement doit être ponctué par des étapes de confirmation : être confirmé, c'est-à-dire être renforcé comme comme membre d'une communauté ou d'une entreprise mais aussi comme sujet porteur d'une histoire individuelle.
Etre confirmé n'est ni être garanti ni être assuré par l'autre ou par l'institution de sa place ou de son avenir, c'est plutôt s'engager dans une relation où la reconnaissance mutuelle libérera des énergies et des forces pour avancer.
Une société démocratique doit traiter tous ses membres comme des égaux. Mais jusqu'où peut-elle aller dans la reconnaissance de leur spécificité culturelle, jusqu'à quel point peut-elle admettre leur différence pour permettre à leur identité de s'exercer librement et de s'épanouir? Doit-elle veiller à garantir et à maintenir cette spécificité? Cette reconnaissance politique est-elle nécessaire à la dignité des individus ? Telles sont quelques-unes des questions qui sont au coeur de la controverse sur le multiculturalisme. Charles Taylor nous propose une réflexion historique et une perspective philosophique concernant l'enjeu fondamental de la demande de reconnaissance par tous les groupes "ethniques" - communautés religieuses, associations féministes, minorités culturelles, etc. - qui coexistent au sein d'une même communauté étatique. La démocratie doit garantir les droits et le bien-être de ses citoyens. Doit-elle privilégier une culture, celle qui la fonde, ou s'accommoder de toutes? Des chercheurs français viennent de réussir la première autotransfusion humaine de globules rouges à partir de cellules souches, selon une étude parue ce jeudi dans la revue spécialisée américaine Blood.
D'après le directeur de cette étude, le Professeur Luc Douay, hématologue à l'hôpital Saint Antoine (Inserm-UPMC), les résultats obtenus ouvrent la voie à la création de banques de sang artificiel destiné à être transfusé chez les patients.
Les globules rouges injectés chez l'homme ont été créés à partir des propres cellules souches hématopoïétiques humaines (CSH) d'un donneur humain. Ces dernières sont capables de fabriquer tous les types de cellules sanguines.
Partant de ces cellules souches, les chercheurs ont réussi à produire en laboratoire des milliards de globules rouges, avec l'aide d'additifs spécifiques appelés «facteurs de croissance».
Des globules rouges qui se comportent «normalement»
Après des tests sur des souris, l'équipe de recherche a répété l'expérience sur un donneur volontaire. Après lui avoir réinjecté des globules rouges cultivés à partir de ses propres cellules souches, ils ont évalué leur survie dans son organisme.
Résultats : la durée de vie et le taux de survie des cellules cultivées sont similaires à ceux des globules rouges «classiques». Ce qui étaye selon les chercheurs leur validité en tant que source possible de transfusion.
Les études existantes avaient déjà montré qu'il était possible de transformer des CSH en globules rouges, explique le Professeur Luc Douay. Mais «cette étude est la première à démontrer que ces cellules peuvent survivre dans le corps humain. Une percée majeure pour la médecine transfusionnelle».