l energie electrique va manquer en europe :reveillons - nous
La France se faisait une fierté de vendre son énergie nucléaire à l’Europe entière. Aujourd’hui, une grosse chute des températures suffirait à menacer le système…

Elle n’est pourtant pas du genre à disjoncter facilement, Clotilde Levillain ! Mais le 6 janvier 2009, à Saint-Denis, l’électricienne en chef du centre de contrôle de RTE (Réseau de transport d’électricité) a bien failli craquer. Ses six ingénieurs qui vérifient, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, le bon approvisionnement électrique de la France ont soudain vu s’affoler les clignotants de leur tableau de bord. L’immense courbe de consommation, projetée en rouge sur le mur, continuait de grimper alors que les capacités de production étaient déjà toutes utilisées. «Nous avons demandé à EDF de faire venir du courant de l’étranger, mais le réseau d’importation était lui aussi proche de la saturation», se souvient Clotilde Levillain. Fort heureusement, la demande a fini par se stabiliser. Mais à 2 degrés centigrades près, c’était la catastrophe…
Quoi ? Le pays champion du monde de l’énergie nucléaire, chantre du tout-électrique, pourrait être privé de courant comme l’ultralibérale Californie ? La question n’a rien d’incongru. «Le risque zéro n’existe pas, nous pourrions connaître un jour un black-out», confirme-t-on à RTE, qui gère le réseau français à haute tension. La panne se joue à pas grand-chose. Notre capacité de production d’électricité plafonne en effet à 110 000 mégawatts (MW). Or les pics de consommation ne cessent de battre des records. Un maximum a été atteint le 11 février dernier à 19 heures avec une pointe à 93 000 mégawatts …
Et tout concourt à augmenter le risque de pénurie. L’électricien national a en effet joué les apprentis sorciers en poussant partout au chauffage électrique. 70% des nouveaux propriétaires carburent à cette énergie. Le phénomène a été aggravé par le développement d’appareils énergivores (ordinateurs, écrans plats…) et la prolifération de foyers monoparentaux qui, à population égale, a pour effet de multiplier le nombre de foyers. Résultat, quand le mercure descend d’un degré, la demande bondit de 2 100 MW, soit le double des besoins de la ville de Marseille. L’impact sur la consommation est de 40% plus important qu’en 2005. La situation devient vraiment problématique quand la température décroche des normales saisonnières (moyennes constatées entre 1971 et 2000) et prend au dépourvu les électriciens.
«Aujourd’hui, on peut assurer jusqu’à 9 degrés au-dessous de ces normales», affirme Philippe Torrion, directeur de l’optimisation amont-aval d’EDF. A moitié rassurant. Le 7 janvier 2009, il a fait – 3 degrés sur tout le territoire, soit 7,8 degrés au-dessous de la moyenne, et, le 11 février, le thermomètre est tombé à – 2 degrés, soit 8,5 degrés de moins que la normale.
Qu’en sera-t-il cet hiver ? Aucun météorologue n’ose encore prédire le temps pour décembre, janvier ou février, les mois les plus rudes. Mais les prévisionnistes estiment que l’Europe est entrée depuis deux ans dans un cycle d’hivers froids et secs. «C’est la conséquence du phénomène El Niño dans la zone pacifique équatoriale», explique Harilaos Loukos, fondateur de la société de conseil Climpact, qui étudie les conséquences des variations climatiques sur l’activité des entreprises. «Pour l’hiver prochain, cette tendance est confirmée par trois des quatre grands centres mondiaux de prévisions météorologiques», prévient-il.
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