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Algerie :le pouvoir des impuissants:"La Subsistance de l’homme"

 

L'économie de marché n'a pas toujours existé. Comme l'écrit Bernard Chavance, professeur à Paris-VII, dans l'introduction : "Pour lui, la domination de la société par l'économie est un phénomène unique et récent dans l'histoire." S'intéressant à la Grèce classique, Karl Polanyi montre ainsi qu'on ne trouve pas une institution telle que le marché dans l'Antiquité.

Il raconte, au passage, comment Périclès, au Ve siècle avant J.-C., mena une politique presque keynésienne, en faisant construire le Parthénon.

Polanyi ne croit pas aux "vertus harmonisatrices du laisser-faire". C'est moins le capitalisme, dit-il, que le système de marché - ce qu'il appelle le "désencastrement" de l'économie -, qui menace la société et l'environnement.

Pour l'économiste hongrois, le raisonnement qui consiste à dire qu'il faut toujours plus de marché et de concurrence, et toujours moins d'Etat, est fallacieux.

Or, ce "sophisme économiste" fait barrage à toute reconnaissance du rôle originel des institutions. Il "revient à gommer du paysage la plus grande part de l'histoire humaine", écrit-il.

vPolanyi y formulait une critique de l'utopie libérale du XIXe siècle à l'origine du mouvement social d'autoprotection, de l'Etat providence", aujourd'hui encore fortement menacé. En prenant le parti d'analyser la subsistance de l'homme sur une très longue période historique, Polanyi offre ici une interprétation originale de la nature et des racines de l'économisme contemporain. L'économie des sociétés primitives, de la vieille Babylone, de l'Egypte ancienne et du royaume du Dahomey au XVIIIe siècle permet de repenser l'universalité et la spécificité des relations sociales et des modes d'"encastrement" de l'économie au sein de la société. Dans la Grèce antique, le commerce extérieur, les usages de la monnaie et l'émergence de marchés à l'échelle locale ou méditerranéenne sont autant d'exemples où l'échange était subordonné à la réciprocité et à la redistribution et où l'économie était étroitement liée au politique.

c'est ce qui est arrivé au monde à travers la grande crise économique et politique des années 1930-1945 : la mort du libéralisme économique. Apparu un siècle plus tôt avec la révolution industrielle, ce libéralisme était une puissante innovation du monde occidental, un cas unique dans l'histoire de l'humanité : jusque-là élément secondaire de la vie économique, le marché s'est rendu indépendant des autres fonctions et posé en élément autorégulateur.L'innovation consistait essentiellement dans un mode de pensée. Pour la première fois, on se représentait une sorte particulière de phénomènes sociaux, les phénomènes économiques, comme séparés et constituant à eux seuls un système distinct auquel tout le reste du social - à commencer par la terre, le travail et l'argent - devait être soumis. On avait désocialisé l'économie ; la grande crise des années trente imposa au monde une resocialisation de l'économie.Cette analyse du marché comme institution non naturelle suscite désormais un véritable regain d'intérêt dans un monde globalisé où le néolibéralisme est à son tour entré dans une crise dont on attend qu'il en résulte une nouvelle «grande transformation».

   

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25/11/2013
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